En partenariat avec le CEPPECS, nous participons à l’organisation de séminaires. L’objectif est de tenter de déchiffrer et de mettre au jour le travail du symbolique dans l’histoire et pourrait constituer une sorte de marque de fabrique.
Pour information, depuis 2001, le CEPPECS réunit des psys (psychiatres, psychanalystes, psychologues) et des sociologues, travailleurs sociaux, philosophes, ainsi que plus largement des citoyens autour du problème de l’historicité des pathologies psychiques.
Au moyen d’un travail théorique et clinique de retour réflexif sur le terrain de chacun (cabinet psy, école, travail social, sdf, prison, justice, etc.), il s’agit de penser le problème de l’historicité des structures psychiques telles qu’on peut le constater en partant de la névrose mais aussi de pathologies contemporaines que nous ne savons pas vraiment nommer.
Et plus largement d’identifier le travail du symbolique (de l’esprit, du sens) dans l’histoire, un travail que plus personne ne peut voir ni reconnaître, non pas parce que le symbolique a disparu mais parce qu’il est passé dans l’implicite, exclu par la rationalité occidentale technique, juridique et économique qui apparaît comme une véritable prison mentale.
Voici une définition du symbolique tiré d’un passage du séminaire de Marcel Gauchet :
« Il y a un système symbolique intuitif de participation à la vie sociale. Je reviens à mon propos de ce que tout cela dit sur la place du symbolique et de ce que ça peut éclairer, des contradictions nouvelles qui sont en train d’émerger dans l’espace démocratique ou de prendre des grandes dimensions.
Je suppose un peu acquises des choses antérieurement vues de ce qui nous permet de voir ce hiatus qui se creuse entre :
- le niveau de fonctionnement social avec ses règles rationnelles dans les différents registres où elles s’appliquent,
- et le fonctionnement symbolique qui devient sous-jacent mais qui est omniprésent par d’autres canaux, c’est la manière d’être de notre société où nous vivons tous dans 2 mondes, qui étaient associés, et qui tendent à se séparer.
Le symbolique, c’est le branchement direct des personnes en quelque sorte sur les structures fondamentales de l’existence collective, dont on a assez parlé justement – politiques -. C’est justement le niveau où l’individuel et le collectif ne se séparent pas, c’est à dire où l’expérience individuelle est faite de la participation au collectif dans un lien immédiat.
Là où au niveau de la conscience et des savoirs conscients qui organisent la vie collective, les individus sont séparés chacun intérieurement et séparés de leur société vis à vis de laquelle ils ont un rapport conscient. Mais il y a un niveau d’immersion dans le collectif par rapport à un niveau de la distinction. Et c’est là que ça se joue, par quelque chose qui n’est pas de l’ordre immédiatement réflexif, qui est d’ordre intuito-affectif.
Et je pense qu’on ne peut comprendre justement, la place énorme de l’affect sans voir qu’elle est le truchement, le véhicule par lequel s’opère cette perception symbolique. Et ça apporte en complément la réponse à la question qu’on a eu plusieurs fois l’occasion de croiser sous différents angles. Pourquoi y a-t-il une telle légitimité de l’affect par rapport au rationnel ? Parce que l’affect véhicule effectivement l’accès à la dimension symbolique sous-jacente comme une perception diffuse, mais très forte ».